lundi, février 18, 2008

La veille passe à l'intelligence collective

Les collaborateurs experts au coeur du dispositif
« En partageant et explicitant ses connaissances, le contributeur devient un hub cognitif », explique François-Xavier Testard-Vaillant, d'EDF. Est-ce à dire que dans un système de veille collectif l'expert perd de son pouvoir, de son aura ? Comment faire pour que chaque participant soit valorisé et n'ait pas l'impression de perdre non seulement une éventuelle suprématie vis-à-vis de ses collègues, mais aussi son temps à rendre ses contributions intelligibles à tous ?
En fait, les experts ne sont pas remis en cause. Ils occupent même une place de choix dans cette nouvelle organisation, puisqu'ils sont responsables de la qualification des apports des observateurs. Alors que dans les entreprises de taille moyenne, leur rôle sera éventuellement mutualisé avec celui de responsable de veille, dans les grandes entreprises, c'est à un comité de veille que reviendra la mission d'animation des différents domaines de veille.
« Dans ce type de projet, il faut avant tout vendre la démarche aux collaborateurs et les accompagner dans le temps pour qu'ils y adhèrent », précise Christophe Marnat, directeur du développement d'AMI Software. C'est d'autant plus facile si le projet est activement soutenu par l'équipe dirigeante, elle-même cliente du système. Cette dernière a pour mission, en effet, de légitimer les acteurs du dispositif (responsables de veille, experts, etc.), mais également de montrer l'exemple en communiquant et en apportant elle aussi sa contribution.

Reconnaître l'apport des individus
Ce n'est toutefois pas suffisant. A défaut de primes sonnantes et trébuchantes ou de promotion hiérarchique, comment motiver ceux qui ne comprennent pas l'intérêt de participer ? Les personnes familières des forums, réseaux sociaux et autres blogs « professionnels » le savent : le système marche à l'entraide et, surtout, à la reconnaissance. Certains ne seront donc enclins à participer que lorsqu'ils auront suffisamment bénéficié, de manière « gratuite », du système. Alors que d'autres, plus volontaires ou plus soucieux de leur ego, seront valorisés s'ils sont identifiés comme les initiateurs d'une information enrichie ou nouvelle. « Comme toujours, la réussite du collectif passe par l'implication de l'individu. Et celle-ci doit être valorisée », résume Christophe Marnat. Pour Jean-Richard Germont, inspecteur général jeunesse et sport au ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, « une veille n'est performante qu'intégrée à la stratégie globale de l'entreprise. Tant que les collaborateurs n'ont pas l'envie de partager leurs informations, les outils de veille, si beaux soient-ils, sont inefficaces

Site : http://www.01net.com/editorial/371658/technologia-01informatique-trophees-trophees-innovation/

jeudi, février 14, 2008

Vers une définition commune et exploitable de la compétence

Article rédigé par Christophe Lenesley,scientifique universitaire, Consultant RH de Performance ITC, spécialiste de l'accompagnement des entreprises dans la mise en oeuvre d'une démarche compétence globale. Depuis deux ans, il est responsable des recommandations fonctionnelles sur le logiciel e-optima.net, outil d'évaluation et de gestion des compétences.
Contact : clenesley@e-optima.net

Dans les Entreprises, dans les écoles, dans les publications RH on n'a jamais tant parlé de Compétence. L'enjeu est reconnu stratégique mais la notion reste floue à force de sur-emploi, de mal-emploi et de détournement commercial - trop souvent la définition est bâtie autour d'un produit... Comment mettre en place une démarche d'évaluation, de gestion, de transfert et d'apport de compétences sans une définition de la compétence commune et exploitable ?

Le mot n'a pas attendu l'avènement du SIRH pour posséder un sens commun. Etre compétent, c'est s'illustrer dans un métier, une fonction, par son savoir-faire, son savoir être, et les connaissances ou l'expertise que l'on possède. Pourtant dans les entreprises ou selon les auteurs les définitions varient, jusqu'à parfois s'éloigner de l'essentiel. Selon l'Association pour la Certification des Compétences Professionnelles : " Les compétences sont caractérisées comme l'ensemble des capacités démontrées par les preuves de vie professionnelle et sociale courante. "La compétence est un " Savoir-faire opérationnel validé " selon l'accord A. CAP 2000 de la sidérurgie.
Ces définitions de la compétence, bien que cohérentes avec le sens commun du mot, ne sont pas directement ou aisément exploitables : quel outil et quelle unité simple permettraient de la mesurer ? La définition proposée par Robert Wittorski, du centre universitaire en Management (université Paris V) et professeur au CNAM, est à la fois synthétique et claire : selon cet auteur la compétence est un " Savoir-agir reconnu " Cette dernière définition rejoint également le point de vue d'autres auteurs de référence tels Nadine Jolis ou Guy Le Boterf. La compétence s'entend dans le cadre du métier, devenant alors un référentiel, un outil-repère - strictement indépendant de l'organigramme hiérarchique et de la grille salariale : la reconnaissance prendra d'autres formes… La compétence rassemble donc les trois axes savoir + savoir-être + savoir-faire. Si elle peut intellectuellement se concevoir potentielle, elle est surtout observable, reconnue et mesurable en situation de travail et en regard d'un référentiel.

Quels outils pour une exploitation rationnelle dynamique ?


Les offres HRMS d'évaluation et de gestion de compétences fleurissent, mais bien souvent les éditeurs de logiciels qualifient ainsi des plates-formes de gestion et d'évolution de CV ou de cotation du salarié par son seul supérieur hiérarchique… Inutile de préciser que les tests psychotechniques ou de personnalité ne mesurent pas non plus la compétence telle que nous l'avons définie...Le 360° en ASP, couplé à une base de données segmentée et des interfaces statistiques correspond davantage aux besoins des entreprises en apportant rationalité et sécurité : en créant les référentiels de compétences et en les déclinant en questionnaires, les DRH se dotent d'un puissant outil d'analyse dynamique. Ce type d'outil doit permettre le benchmark des compétences individuelles et collectives afin d'adapter les niveaux attendus aux pressions du segment de marché. Son coût modéré permet de démocratiser son exploitation et de l'élargir aux populations non-cadres jusqu'ici délaissées…

Pourquoi solliciter une aide extérieure ?

Les dérives sont hélas très facile à imaginer (résultats exprimés en valeurs absolues ou non confidentiels, défaut d'accompagnement, de contrôle ou d'exploitation, etc…) et peuvent simplement résulter d'une " imprudence ". La valeur ajoutée d'un consultant RH externe est alors évidente : les écueils à éviter sont nombreux pour réussir le déploiement d'une telle démarche. Le rôle du consultant consiste à instaurer un mode de fonctionnement fair-play dans le couple employé/entreprise en garantissant l'équilibre entre le développement de l'un et la recherche de compétitivité de l'autre.

mercredi, février 13, 2008

Intelligence Collective ou Gouvernance coopérative?

L’intelligence collective avant d’être un nouveau concept, est aujourd’hui un nouveau mode d’action, un projet commun à toutes les problématiques socio-économiques contemporaines. L’IC surgit en réaction, ou peut- être par systémisme, aux mutations rapides et souvent peu palpables de nos sociétés. Un monde qui craint les ruptures mais qui se nourrit de ses propres peurs. Ainsi, face à l’accélération des flux d’échanges et à la dilapidation pléthorique des connaissances et du savoir, beaucoup de chercheurs ou d’hommes de terrains (chefs d’entreprises, chefs de projets, porteurs d’ Intelligence Economique et de Knowledge Management) remettent en question, avec beaucoup d’ « im »pertinence, les modes de gestion de l’information (savoirs/connaissances/compétences) en collectivité.
Ainsi, nos sociétés, longtemps construites sur le territoire, le travail et le capital, recherchent, aujourd’hui, face à l’irruption des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, un nouveau mode de distribution du savoir et des idées. Celui-ci pourrait générer une ère nouvelle, non plus tournée vers la productivité individuelle, mais vers l’exploitation optimale des compétences individuelles au profit d’une réflexion collective au service de la décision intelligente. De la même manière qu’on argue les vertus des « entreprises apprenantes », aujourd’hui, il serait pertinent de parler d’un « monde apprenant » où toutes les intelligences ne tendent pas vers la hiérarchie, la segmentation et la compartimentation mais vers la distribution du savoir au profit de la réflexion et de l’action collaboratives.

« Ils la dédient également à la promotion du savoir au service de valeurs universelles opérationnelles, offertes à tous et adaptables à tout »

La globalisation financière est, aujourd’hui, supplantée par la globalisation de l’information. Cette dernière n’est pas récente, mais la nouveauté provient de la vitesse de circulation de l’information ainsi que de la multiplication des canaux qui la distribuent. Certains se mettent sur leur garde en pointant du doigt les NTIC, accusés d’être les nouvelles menaces contre la démocratie. D’autres, plus pragmatiques, teintés paradoxalement d’un trop d’idéalisme, voient en cette transformation, une opportunité réelle pour approfondir de nouvelles méthodes d’action orientées vers la performance à la fois individuelle et collective. Ils la dédient également à la promotion du savoir au service de valeurs universelles opérationnelles, offertes à tous et adaptables à tout. Le groupe Danone a fait le premier pas dans le domaine de l’Intelligence Collective à l’échelle internationale. Il démontre, en effet, que la promotion de valeurs gérables dans la diversité est facteur d’innovation. « Lorsque nous avons réfléchi aux valeurs qui font la spécificité du groupe et dans lesquelles chacun pouvait se reconnaître, nous avons préféré parler d'enthousiasme, d'humanisme et d'ouverture, plutôt que de latinité, terme qui parlait peu à nos collaborateurs du continent asiatique notamment », affirme Jean-René Buisson (1. Regards sur l’Intelligence Economique 1er Novembre 2005), secrétaire général du groupe.
« Il s’agit de transformer l’ignorance supposée de chacun en un savoir disponible et utile à tous », argumente P. Lévy (2. Le monde diplomatique, octobre 1995, Pierre Lévy) Ce projet couvrirait tous les champs d’activité humains, en allant des relations interpersonnelles jusqu’aux relations interétatiques, en passant bien évidement par le management des entreprises. C’est pourquoi la définition de l’intelligence collective du philosophe résume très bien ce concept encore toujours embryonnaire de nos jours comme « le projet d’une intelligence variée, partout distribuée, toujours valorisée et mise en synergie en temps réel » (3. Le monde diplomatique, octobre 1995, Pierre Lévy)

« L’ IC, soutenue efficacement par une démarche d’IE, nous apporte donc de nouveaux outils au service de la collaboration, de la création de valeur et de la mise en valeur de la compétence concrète et effective de chacun »

Le tout n’est pas de rompre avec un passé managérial sénile mais de réagir aux failles d’une économie mondiale, d’une part exponentiellement inégalitaire, d’autre part, dont le niveau de performance est devenu trop homogène. L’intelligence collective, soutenue efficacement par une démarche d’intelligence économique, nous apporte donc de nouveaux outils au service de la collaboration, de la création de valeur et de la mise en valeur de la compétence concrète et effective de chacun. Les NTIC où « les technologies de l’intelligence augmentée » sont incontournables. Elles consolident les capacités cognitives d’un groupe. « Les technologies de l'information et de la communication ont permis de rendre accessible l'information : stocker et partager. Les technologies de l'information et de la collaboration (intranet collaboratif) vont beaucoup plus loin. Elles augmentent la performance des interactions humaines et donnent à l'information une valeur opérationnelle » fait remarquer O. Zara (4.Le management de l’ IC : vers une nouvelle gouvernance Oliver Zara M2 Edition 2005). Selon lui, il importe alors de dépasser les résistances culturelles « latines » (goût du contact humain, communication verbale dominante…) qui seront, semble-t-il, le facteur majeur du retard considérable que prendront les entreprises françaises sur les entreprises anglo-saxonnes dans les dix prochaines années. Cependant, il convient de nuancer et de préciser que les anglo-saxons opèrent également dans les relations interpersonnelles physiques par l’approfondissement des neurosciences et de la communication cognitive. La Programmation Neuro Linguistique, entre autres, peut être un excellent outil d’ IC et d’IE, celle-ci permettant d’exploiter les ressources illimitées qui animent notre psychophysiologie et de la distribuer intelligemment aux autres. Elle permet à chaque individu d’améliorer ses ressources-clés en l’aidant à identifier ses objectifs et ses compétences majeures et en l’aidant à interagir plus efficacement avec autrui et avec le monde.
En France il est étonnant, pour ne pas dire choquant de relever que l’ ANPE consacre seulement en moyenne dix minutes (tâches administratives compris) pour recueillir des informations sur les compétences des personnes qui viennent s’inscrire pour la première fois. Si la recherche du profil-type est devenue aujourd’hui incontournable dans le monde de l’entreprise, on semble oublier que la recherche des compétences-clés serait plus opérationnelle. Il s’agit donc, non pas d’établir des profils de poste en entreprise définis à priori, mais, par une certaine maïeutique, de faire ressortir le savoir de chacun pour le diffuser de façon idoine à la collectivité interne. L’université Thalès exemplifie bien cette approche apprenante. Installée à Jouy-en-Josas, elle constitue un lieu de partage des connaissances, et en plus d’être un outil de diffusion du savoir, elle cristallise les meilleures pratiques en management. Lévy insiste bien, « chacun sait quelque chose » il valorise ainsi le potentiel de chacun sans exclusion ni exclusivité : « Chaque être humain est, pour les autres, une source de connaissances » (5. Le monde diplomatique, octobre 1995, Pierre Lévy).

Il est impératif, par ailleurs, de prendre conscience de la distinction entre communication collective et réflexion collective. Cette dernière consiste à « co-construire » une information par la création, l’interaction et la cognition, en d’autres termes par une réelle coopération intellectuelle. Contrairement à la communication qui permet seulement l’échange d’information sans nécessaire collaboration intellectuelle. Cette démarche coopérative agit alors directement sur le processus de décision qui, lui, garde son autonomie et ses caractéristiques propres. Il faut, en effet, répondre aux sceptiques qui brondissent leur crainte de perdre leur pouvoir décisionnel au profit d’une « entreprise démocratique » (où la décision serait prise à la majorité) dangereuse et incompatible aux nécessité managériales. Qu’un seul ou plusieurs décident, là n’est pas la question, l’essentiel c’est que l’élaboration et la construction de la décision aient mobilisé l’ IC et les connaissances opérationnelles de chaque acteur.

« L’ IC à l’échelle sociale confirmerait plutôt que dix millions de savants qui ne collaborent pas construisent leur propre ignorance »

On peut donc voir cette « intelligence partout » comme, à la fois un renouveau de la démocratie, mais aussi un moyen pour la performance et le succès économique. Selon la définition de Zara, « l’ IC, dans sa dimension opérationnelle, est la capacité d’une organisation, d’un collectif à se poser des questions et à chercher les réponses ensemble » (6. Le management de l’ IC : vers une nouvelle gouvernance Oliver Zara M2 Edition 2005). La démocratie puise originellement son énergie dans le rassemblement collectif. Mais pour contrecarrer le vieil adage qui dit que « Dix millions d’ignorants ne font pas un savoir », l’ IC à l’échelle sociale confirmerait plutôt que dix millions de savants qui ne collaborent pas construisent leur propre ignorance. Nos démocraties dites représentatives font appel à la notion de délégation du pouvoir à des représentants chargés de répondre aux aspirations du peuple. Mais les principes démocratiques, aujourd’hui, face aux transitions technologiques et aux impasses socio-économiques (crise de la représentativité, de la participation et de l’identité collective, inégalités économiques etc.), doivent apporter la réponse plus en amont : le tout n’est pas de représenter le peuple, mais de savoir comment le peuple interagit et collabore pour choisir ses représentants.
D’une part, l’intelligence collective condamnera les modes de communications traditionnels de l’information essentiellement basée sur la relation « un-tous » qui instaure « une séparation nette entre centres émetteurs et récepteurs passifs isolés les uns des autres » (7. Le monde diplomatique, octobre 1995, Pierre Lévy). Alors qu’une structure relationnelle « tous-tous » où chacun est potentiellement émetteur et récepteur apportera plus de valeur ajoutée pour la prise de décision que ce soit au niveau politique qu’économique. Le «cyberespace », outil incontournable de l’IC, apporterait ainsi une réponse pour les débats politiques mais aussi pour les choix électoraux. D’autre part, ce décloisonnement des modèles administratifs hiérarchisés sacrifiant initiative au nom de la coordination bureaucratique, offrirait une nouvelle forme de lien social. C’est là où le philosophe Lévy affiche sa pertinence : « une société intelligente partout sera toujours plus efficace et vigoureuse qu’une société intelligemment dirigée ». On l’appellera démocratie participative ou démocratie consultative, le cœur du travail consiste à dépasser un modèle de gestion des richesses nationales (cette fois-ci, et même un peu plus souvent, entendez-le au sens du potentiel intellectuel et cognitif humain) se nourrissant du nivellement du bas au profit de l’aiguisement du haut. « La masse n'a pas toujours raison, surtout s'il s'agit d'une masse moutonnière et conformiste qui ne remet rien en question. C'est pourquoi le projet de l'intelligence collective consiste précisément à valoriser toute la diversité des connaissances, des compétences et des idées qui se trouvent dans une collectivité et à organiser cette diversité en un dialogue créatif et productif. La culture de l'intelligence collective travaille à établir de manière douce et pacifique un "multilogue" ouvert, qui est préférable aussi bien au cloisonnement et à l'isolement des intelligences, qu'à l'uniformité bien pensante», justifie P. Levy (8. Le monde diplomatique, octobre 1995, Pierre Lévy). Avant d’être un citoyen représenté, il faut impérativement former un citoyen sans cesse valorisé au service de décisions politiques intelligentes.

« Elle suggère un « contrat collaboratif » qui ne ferait pas de nos euro-députés des « légumes politiques » à Bruxelles mais des « chargés de connaissances » »

Quelque soit l’esprit scientifique dans lequel on s’enferme (justement !) pour décrypter le jeu d’action des Etats sur la scène internationale, que l’on soit constructivistes, transnationalistes, réalistes ou libéraux, aujourd’hui, rêvons, fantasmons et imaginons une IC mondiale. Mais ne prêchons pas non plus pour un idéalisme décalé par rapport aux réalités, souvent rudes et frustrantes, mais osons travailler pour innover à l’échelle régionale. Un brin de courage et de volonté politique pourrait surmonter les défaillances, plus culturelles que politiques, de l’ Union Européenne. Et ainsi dans ce « petit cap du continent asiatique » (pour reprendre l’expression impertinente mais d’actualité de Paul Valéry) il conviendrait d’engager un réel projet d’ IC, soutenu par une vaste démarche d’ IE. A-t-on imaginé un jour une cristallisation des informations stratégiques européennes dans une plateforme informatique accessibles à tous les membres ? A-t-on proposé, avec courage et volonté, de concentrer les connaissances de tous les acteurs socio-économiques européens (ONG, entreprises, gouvernements, syndicats etc.) dans un logiciel intelligent européen (qui trie, analyse et diffuse l’information) ? L’ IC tire son pouvoir des forces de propositions sans inhibitions ni craintes. Elle suggère un « contrat collaboratif » qui ne ferait pas de nos euro-députés des « légumes politiques » à Bruxelles mais des « chargés de connaissances ». Ces derniers seraient missionnés de charger et décharger leur potentiel idéel à Bruxelles impactant les décisions européennes. Celles-ci deviendraient plus opérationnelles et plus profitables à tous jusqu’à se déposséder de cet esprit particulariste bloquant toute initiative européenne. Un investissement dans une Europe collectivement intelligente serait largement plus rentable que tous les investissements alloués à une campagne pour une constitution européenne.

A l’heure de la lutte contre le terrorisme, au tournant des enjeux environnementaux mondiaux, à l’ère de la profusion de l’information (ou de la désinformation), plus que jamais les hommes sont amenés à coopérer. Kant remarquait originalement que « la rotondité de la terre poussera toujours les hommes à se rencontrer ». A nous de nous rencontrer intelligemment en faisant de chaque savoir (ou de chaque ignorance) un lieu de rencontre.

Hatim BENJELLOUN

lundi, février 11, 2008

La poésie au service de vos compétences

Plus qu'une philosophie, ce poème de Kipling vous offre une description lyrique de ce que vous pourrez découvrir dans ce blog...


Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un Homme, mon fils.

Rudyard Kipling

L'Affirmation de soi selon Denis Jaccard

Le sens donné à l'affirmation de soi dépend de vous et de vos valeurs. Pour une personne, ce sera "ma vie m'appartient", alors que pour une autre, ce sera "mes parents n'ont pas à me dire ce que je dois faire".

La connaissance de vos besoins et valeurs constitue le pré-requis indispensable à l'affirmation de soi. C'est en basant votre affirmation de vous-même sur qui vous êtes (besoins, valeurs) que vous serez en intégrité avec vous-même.
Dans certaines cultures ou traditions, il y a confusion entre l'affirmation de soi et l'individualisme ou l'égocentrisme. Dans ces mêmes cultures ou traditions, la générosité et le souci de l'autre sont généralement préférées au développement de l'estime personnelle et à l'affirmation de soi. En développant l'amour pour l'autre, des gens pensent pouvoir faire l'économie de l'amour pour soi. Malheureusement, cette croyance ne se vérifie que très rarement dans les faits. C'est en étant conscient de nos besoins et valeurs que nous pourrons chercher à les satisfaire et à être pleinement heureux et disponible pour l'autre. Les textes sacrés, tels que la Bible, insistent d'ailleurs sur ce fait. N'est-il pas écrit : "Aime ton prochain comme toi-même". Comment une personne qui manque de respect et d'amour pour elle-même pourrait-elle aimer et respecter les autres ?
S'affirmer ne signifie pas pour autant qu'il faille être égocentrique et vouloir "prendre le pouvoir" sur l'autre, votre entourage. Une affirmation de soi saine et bénéfique se fait dans le respect mutuel. En vous donnant le droit d'exposer et de défendre votre point de vue, vous donnez également la possibilité à l'autre d'exprimer sa vision et de le respecter pour cela. Les personnes qui, sous couvert d'une forte personnalité, crient et imposent leurs idées souffrent généralement d'un manque de confiance en elle-même dont elles ne sont généralement pas conscientes.
Affirmer sa personnalité implique, pour certaines personnes en tout cas, une concession importante qui consiste à accepter de ne pas vouloir plaire à tout le monde. En vous affirmant, vous vous donnerez la possibilité d'exprimer vos idées et vos points de vue. Cependant, ces derniers ne peuvent plaire à chacun et peuvent provoquer, parfois, des réactions négatives de la part des personnes auprès desquelles vous les avez exprimés. Oser l'affirmation de soi implique l'authenticité et la vérité par rapport à soi-même.
Sous prétexte de s'affirmer, il ne serait ni judicieux ni bénéfique de se mettre dans une situation inconfortable ou difficile. La prise en compte du contexte et la conscience de la réalité permettra d'adapter la forme de votre affirmation. Un silence poli ou un sourire d'approbation refusé constituent des moyens d'affirmation autant puissants que la parole. L'important réside dans la connaissance et le respect de sa vérité personnelle.
Comme cela a déjà été souligné en début de définition, la connaissance de vos besoins et valeurs est absolument indispensable. Par l'affirmation de soi, vous choisissez d'être celui que vous voulez être et d'honorer votre conscience. Vos besoins et vos valeurs constituent les fondations de votre conscience. C'est la raison pour laquelle il est important de les connaître avant de chercher à s'affirmer. En prenant la liberté de penser, de regarder et de projeter votre conscience vers l'extérieur, vous vous affirmez. Penser par soi-même et faire ses choix sont également des actes d'affirmation de soi.
Attention !!! L'affirmation de soi ne se résume pas à la capacité à dire NON à l'autre ou aux propositions que l'on vous fait. L'objectif ultime de l'affirmation de soi se situe dans le développement de votre bien-être et la construction d'une vie qui vous apporte satisfaction et bonheur. Sous prétexte de vouloir vous affirmer, il ne serait absolument pas judicieux de systématiquement refuser les propositions que l'on vous fait. Cela ne travaillerait pas dans le sens de votre objectif ultime. Apprenez à prendre du recul et à envisager vos échanges avec votre entourage sur la base de vos besoins et valeurs tout en respectant la différence et les attentes de l'autre.
Une saine affirmation de soi n'arrive jamais par hasard. Elle est le résultat d'un travail, d'une série d'actions qui se mènent au quotidien. Ce n'est pas en rêvant votre vie ou votre affirmation personnelle que vous l'atteindrez. Mettez-y toute votre énergie et votre motivation, le résultat en vaut vraiment la peine. En acceptant de voir la réalité en face et d'envisager les opportunités qui s'offrent à vous, vous vous ancrez plus intensément dans votre vie et développez naturellement votre affirmation personnelle.

Exemples :
Les exemples présentés dans le cadre de cette clé diffèrent des exemples présentés dans le cadre des clés précédentes. Cette fois-ci, les exemples décrivent des comportements ou des réactions caractéristiques d'une affirmation de soi défaillante.
"Pierre entre dans la salle de conférence dans laquelle doit se dérouler une séance dont il ne sait rient. Il rase les murs et transpire car il se demande bien ce que l'on peut vouloir de lui."
"Brigitte croit fondamentalement aux qualités des produits issus de cultures biologiques. Lors d'une conversation avec des amis, ces derniers ont critiqué et jugé les produits biologiques comme étant une grande tromperie. Brigitte n'a pas osé prendre la parole pour défendre son point de vue."
"Paul vient d'assister à la projection d'un film plein d'émotion et d'amour. Ce film l'a transformé et énormément ému. A la sortie du cinéma, il croise un collègue de travail qui lui demande comment il a trouvé le film. Au lieu d'exprimer ses vraies émotions, Paul répond simplement qu'il l'a trouvé pas mal."
"Annie visite le salon du livre. Au hasard de sa visite, elle croise et reconnaît son auteur préféré. Au lieu de s'adresser à lui comme elle a toujours rêvé de le faire, elle tourne les talons et l'évite. Un écrivain aussi connu n'a pas besoin de son avis ou de ses considérations."

C'est pourquoi il convient de développer une affirmation positive de soi-même:
Les premiers changements importants s'effectuent d'abord dans votre tête. Grâce aux affirmations positives, vous développerez un ensemble de phrases fortes qui habiteront votre esprit et qui engendreront automatiquement des changements de comportement.
Lors de la formulation d'une affirmation positive, respectez les points suivants :

Les affirmations doivent être formulées au présent
Les affirmations doivent être personnelles et utiliser le pronom "je"
Les affirmations doivent être positives.
Les affirmations sont meilleures lorsqu'elles sont courtes
Les affirmations doivent avoir un sens et une signification précise pour celui qui les dit
Les affirmations doivent être spécifiques
Les affirmations doivent être répétées jusqu'à 100 fois par jour durant les 3 premiers mois






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